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La multitude des langues et des cultures est la véritable richesse du monde

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Tobie Nathan s’y emploie en pratiquant l’ethnopsychiatrie, un domaine à la croisée entre la psychologie clinique et l’anthropologie.

Depuis cinquante ans, Tobie Nathan accueille et prend soin du patient en tenant compte de son histoire, de sa culture, de sa langue, de ses croyances. Professeur d’université reconnu, auteur primé, il vient de publier Secrets de thérapeute (Éd. L’Iconoclaste) où il revient sur les grandes étapes de son existence comme autant de jalons dans l’élaboration de sa discipline. Il éclaire ce qui lui semble essentiel. « La multitude des langues et des cultures est la véritable richesse du monde. » On a fait appel à lui pour instaurer le dialogue avec les jeunes radicalisés. Plus que jamais sa méthode est nécessaire. Dans un monde cloisonné, qui se méfie de la différence, Tobie Nathan ouvre une voie d’avenir. Né en 1948 au Caire, professeur de psychologie clinique et pathologique à l’université Paris-VIII, Tobie Nathan est le chef de file de l’ethnopsychiatrie en France. Il a fondé le centre Georges-Devereux où il reçoit des familles issues de l’immigration. Essayiste prolifique (il a signé plus de quarante essais), il est aussi l’auteur de romans remarqués comme Ethno-roman (Grasset, 2012), qui a reçu le prix Femina essai 2012, Ce pays qui te ressemble (Stock, 2015, finaliste du prix Goncourt), ou La Société des belles personnes (Stock, 2020). Dans Philosophie magazine, il signe chaque mois une chronique consacrée aux « Ethnomythologies » qui explore le sens caché de nos pratiques et objets contemporains à la lumière des mythes. En 2022, il fait paraître un recueil d’une cinquantaine de ses chroniques illustrées, Ethnomythologiques. Petits objets du quotidien (co-édition chez Stock/ Philosophie magazine Éditeur).

La multitude des langues et des cultures est la véritable richesse du monde
Tobie Nathan n’a cessé d’évoluer. Considéré parfois comme un apprenti-sorcier à ses débuts, il est aujourd’hui un professeur d’université reconnu, maître dans sa discipline. Formé à la psychanalyse, il se heurte vite à ses limites et développe une psychothérapie « sur mesure », considérant le patient comme un être singulier, avec son histoire individuelle et prenant en compte le contexte culturel dans lequel il a grandi : une ethnopsychiatrie. Son enfance, puis les séjours en Afrique expliquent son cheminement. Il y découvre l’importance des cérémonies traditionnelles, le rôle des objets, l’attachement aux lieux, aux ancêtres et aux dieux. Il observe les pratiques des soignants qui l’aideront à s’occuper en France des populations issues de l’immigration. Tournant le dos aux habitudes, il fait des séances de thérapies collectives avec, à ses côtés, des médiateurs pour mieux interpréter la diversité des langues et des cultures.

L’ethnopsychiatrie
L’ethnopsychiatrie désigne l’inverse de ce que l’on a pris l’habitude d’appeler « psychiatrie transculturelle ». La psychiatrie transculturelle permet au psychiatre de continuer à pratiquer le même métier auprès de populations culturellement hétérogènes, de parvenir, par exemple, à un diagnostic de schizophrénie ou de dépression, même dans un monde où le mot – et peutêtre jusqu’à la chose – n’existe pas. […] L’ethnopsychiatrie, en revanche, part du constat que les peuples possèdent un savoir sur la folie, qu’ils abritent de véritables professionnels du soin, maîtrisant de véritables techniques; elle considère de plus que ce savoir est susceptible d’être enseigné et ces techniques d’être théorisées, expérimentées, adaptées, même utilisées; elle ne peut être qu’un outil de déconstruction des certitudes du psychiatre. L’ethnopsychiatrie place immédiatement tout praticien en position d’apprentissage. Elle le contraint à considérer que les populations qu’il aura à prendre en charge sont savantes, riches de pensées, de recherches et de dispositifs non seulement qui le concernent, mais qu’ils connaissent infiniment mieux que lui.
– Valérie Nicolay

Source : https://tobienathan.wordpress.com/cosmopolitiques-savoir-et-politique/%e2%80%a2-questions-dethnopsychiatrie/

>> TICKETS pour le mercredi 22 mars à 20h00

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