Wolubilis

LA TÊTE DANS LES ÉTOILES

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Mélody Mourey n’a que deux spectacles à son actif mais elle a, d’emblée, su toucher le public en racontant des destins extraordinaires. Après Les Crapauds fous, place à La Course des géants. Ou comment passer des quartiers populaires de Chicago à la conquête spatiale.

Premier spectacle, premier succès et Wolubilis s’en souvient encore. Les Crapauds fous relatait l’incroyable histoire de médecins polonais qui, durant la Seconde Guerre mondiale, ont usé de stratagèmes afin d’empêcher des milliers de déportations. La patte Mélody Mourey y est : rythme, humour, suspense, énergie. La Course des géants nous entraîne dans un nouveau tourbillon. Celui de Jack Mancini, révolté surdoué qui végète dans sa pizzeria mais qui trouvera la route des étoiles et du cosmos. Le succès est à nouveau au rendez-vous. Mélody Mourey aurait-elle le goût des héros malgré eux ? « Le thème de départ était ces rêves d’enfant qui nous animent et notre motivation à faire en sorte qu’ils se réalisent. La conquête spatiale apparaît comme le rêve le plus fou et inaccessible mais aussi comme la métaphore de l’ascension sociale du héros, vers les étoiles. » Mélody Mourey aime s’appuyer sur des faits véridiques pour créer une fiction : « J’essaye de comprendre l’histoire avec un grand H quand elle se mêle au quotidien. Dans Les Crapauds fous, le fait historique était au cœur de la pièce. Ici, c’est le contraire. J’aime décortiquer le parcours d’hommes et de femmes qui font face à l’extraordinaire. Le pire comme le meilleur peut survenir chez les gens, en fonction des choix. »

Créer avec les comédiens
Se documenter, rechercher des images d’archive à intégrer au spectacle, fait partie du plaisir d’écriture. « Une fois le sujet choisi, je lis tout ce que je trouve à son propos afin de bien poser le contexte. Pour La Course des géants, c’était passionnant de me plonger dans les journaux de bord des astronautes, de comprendre leurs missions. Je lis énormément de documents mais je ne prends aucune note. Je m’imprègne des informations reçues pour mieux les livrer lors de l’écriture. » L’auteure et metteuse en scène élabore à chaque fois une véritable troupe. « Une fois une première version aboutie, je peux commencer le casting puis les lectures avec les comédiens. Mais pendant les répétitions, je change encore beaucoup le texte. C’est bien simple, les acteurs n’ont eu la version définitive que la veille de la première ! Je cherche, jusqu’au bout, le maximum d’efficacité ou d’humour. Les comédiens me font aussi des propositions au fur et à mesure qu’ils s’approprient leur rôle. » Pour, au final, attraper le public et ne plus le lâcher. « Je pense que le public est de toute façon habitué à un nouveau rythme, de par les séries. Le théâtre a intégré ces codes. Durant mon écriture, je visualise le mouvement des acteurs et le rythme que je désire insuffler. » Six comédiens interprètent une multitude de personnages. Une particularité difficile à gérer ? « C’est, au contraire, très jouissif car ils sont en permanence sur le plateau ou en train de se préparer, il n’y a aucun temps mort en coulisses. Jordi Le Bolloc’h, le personnage principal, a le plaisir de le faire évoluer sur vingt ans. Quant aux autres, ils se réjouissent de passer du drame à la comédie. »

Comme une évidence
Habituée aux prix et aux nominations, avec cette fois le Molière 2022 du comédien dans un second rôle pour Nicolas Lumbreras, la jeune femme souffle un vent nouveau sur le théâtre. Y aurait-il une vague Alexis Michalik ? « Il a clairement ouvert la voie à une nouvelle façon de raconter des histoires. Je ressens une envie de bousculer les codes, de s’autoriser à des changements de lieux, d’époque, de multiplier les rôles… Bien sûr, ce souffle a toujours existé au théâtre mais il a sans doute rendu populaire cette faculté à imbriquer plein d’histoires différentes à un rythme soutenu. » Il s’agit de remettre l’histoire à l’avant-plan et de proposer des spectacles multigénérationnels. « C’était mon souhait de parler au plus grand nombre, même si je n’y réfléchis pas en écrivant. J’aime cette idée de m’adresser aux gens qui apprécient le théâtre comme à ceux et celles qui y vont pour la première fois. Les Crapauds fous aurait pu n’intéresser qu’un public plus âgé de par le sujet et l’époque. De voir la façon dont le public reçoit ces deux pièces me comble de joie. Le théâtre m’a appris à oser. » La pièce sera en tournée jusqu’en avril 2023. «J’accompagne la troupe de temps en temps et j’espère venir à Bruxelles. Mais je vais monter Les Crapauds fous en Grèce, avec des comédiens grecs ! A Thessaloniki. »
Mélody Mourey, un destin extraordinaire, elle aussi.

– Gilda Benjamin

La Course des géants
13 & 14 octobre 2022 à 20h30
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