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L'Artiste du mois / Camille Carbonaro

Article • Publié le Actualités L'Artiste du mois

Camille Carbonaro… Vous avez déjà entendu ce nom quelque part, n’est-ce pas ? Cette artiste est originaire de Marseille, mais travaille à Bruxelles depuis 2012.Venue dans la capitale pour y suivre des études au 75 après une licence d’arts appliqués à Nimes et des études à Paris VIII, Camille Carbonaro s’est déjà fait connaitre par ses images, mais aussi avec sa maison d’édition Macaronibook.
Retour sur notre entretien avec cette artiste multi-disciplinaire qui ne s’arrête jamais et qui rejoint cette année les rangs de l’Artothèque.

Est-ce que vous pourriez expliquer aux lecteurs du magazine, pourquoi vous rejoignez l’Artothèque ?

J’ai été agréablement surprise par l’invitation de l’Artothèque. Le lien entre public et artiste n’est pas toujours facile à créer et à conserver. Faire partie d’un fond qui mixe des artistes et techniques est hyper intéressant et enrichissant. Cela me permettra de rencontrer d’autres artistes et de tisser de nouveaux liens. J’avais envie de présenter mes oeuvres et les thèmes universels que je questionne à un public plus large.

Parlez-nous de votre projet Appelez-moi Victoria.

Appelez moi Victoria est une auto-fiction, construite de toutes pièces à partir de ma propre histoire et celles d’enfants d’immigrés italiens que j’ai rencontrés dans le cadre d’une dans le cadre de la Résidence 1+2 à Toulouse. Ce projet joue sur la fine frontière entre réalité et fiction, passé et présent, et a été édité par Filigranes en 2018. Appelez-moi Victoria est un premier chapitre sur la question de l’héritage familial. Ce projet explore les notions de mémoire, de généalogie et d’exil. Dans cette série, j’aborde la construction de soi, la recherche de mes racines et l’exploration de mes traces et névroses mémorielles. Pour ce projet j’ai travaillé avec une psycho-généalogiste et je me suis inspirée de la psychomagie (théorie d’Alejandro Jodorowski). La psychogénéalogie c’est le fait d’étudier ce que nos ancêtres ont vécu et qui s’est répercuté sur nos vies, c’est fouiller son héritage émotionnel et psychologique et son arbre familial. Ma famille a quitté l’Italie pour Marseille.
Pour mieux « s’intégrer », ils ne nous ont transmis ni langue, ni coutume. A travers Appelez-moi Victoria je souhaitais interroger en quoi et comment ce passage, cet exil, s’est répercuté sur ma famille et moi-même.

Ce sujet montre une forte attirance pour les thèmes des racines, de la généalogie et de la mémoire…

Ces thèmes m’obsèdent. Je suis passionnée par les questions de généalogie, d’exil, d’héritage familial et de mémoire collective. J’adore écouter des podcasts sur des gens qui racontent leur vie. Cela m’inspire pour travailler mes projets où je mixe des collages, de l’écriture, de la photo ou encore de la broderie sur image et l’altération d’archives. Cette accumulation de matières me permet de créer des constellations d’histoires et de mémoires. Une sorte d’archivage.
Quand je rencontre des personnes, je n’ai pas seulement envie de les prendre en photo, j’ai envie qu’elles me racontent leurs histoires, qu’elles me montrent des photos de familles ; des objets. C’est cette dimension narrative que je tente d’exprimer via l’accumulation de formes et de récits.

À côté de vos activités de photographe, vous êtes aussi active dans les domaines de l’édition avec Macaronibook, dites-nous en plus !

J’ai fondé la maison d’édition Macaronibook en 2016. Elle se concentre sur des projets photographiques et poétiques qui interrogent la mémoire, l’identité et l’exil avec une attention particulière à la relation entre les images, les archives et les textes. C’est une maison d’édition animée par un esprit d’indépendance et de recherche permanente sur l’harmonie entre le papier, l’impression et les images. Avec Macaronibook, j’ai créé une collection de livres qui s’appelle Baleine Blanche à travers laquelle je souhaite rassembler des artistes qui travaillent sur la figure paternelle, qui façonnent, qui fouillent, qui questionnent l’image du père. Le premier volet, Oh fatche, est un travail photographique que j’ai réalisé sur mon père. Le deuxième est Quand l’Océan se retire que j’ai réalisé avec Billiam C. Je travaille actuellement sur les prochains volets, avec la photographe Erell Hemmer sur son projet Pourquoi et le photographe Martin Gallone, auteur de Bois sans soif.

Que pourriez-vous dire à nos lecteur.ice.s, éventuellement intimidé.e.s par l’art contemporain ou la photographie documentaire ?

Intéressez-vous au sujet, ne vous fiez pas à la forme à laquelle on est étranger, au récit, à l’histoire d’un projet ou d’une oeuvre. Si vous souhaitez emprunter une de mes oeuvres, je suis ouverte et disponible pour vous rencontrer, que vous ayez choisi de passer un mois, trois mois au six mois avec des tirages, issus de collections qui interrogent la mémoire, l’exil et l’héritage familial.

Dernière question pour clôturer cet entretien : où pourrions-nous te retrouver en novembre, mis à part à l’Artothèque ?

Appelez-moi Victoria sera exposé au Festival l’Image Satellite à Nice et dans le cadre du Mois de la photographie de Grenoble. Je sors également une nouvelle publication chez Macaronibook, Le Petit Rempart, du photographe Vincent Beeckman que nous présenterons à la Galerie E2 Sterput à Bruxelles. Si jamais vous passiez par là, vous y êtes les bienvenu.e.s…

Nous terminerons aussi par dire que Camille Carbonaro imprime souvent aux Ateliers du Toner, où elle travaille parfois à côté de commandes, de graphisme, de reliure, et des projets de livres avec d’autres artistes. En ce moment, elle travaille également avec Alaa Mansour, artiste vidéaste et archiviste Libanaise, sur le projet Aïnata qu’elle éditera en 2021 chez Macaronibook et sur son nouveau projet, un second chapitre sur le paysage mémoriel et l’héritage familial.

Site web: https://camillecarbonaro.com
Instagram: https://www.instagram.com/macaronibook
OEuvres à louer : https://www.wolubilis.be/lartotheque/

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