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MOURAD MERZOUKI : DANS L’AIR DU TEMPS

Article • Publié le Actualités

Figure de proue de l’institutionnalisation du hip-hop en France, le chorégraphe Mourad Merzouki est heureux de retrouver le public de Wolubilis avec son nouveau spectacle Zéphyr, une ode au voyage, à la liberté et à l’urgence d’être ensemble, en des temps contrariés.

À la fois danseur, chorégraphe, directeur du Centre Chorégraphique National de Créteil et de deux festivals (Karavel et Kalypso), Mourad Merzouki vit son métier avec passion. « J’ai commencé avec le hip-hop, cette danse née dans la rue qui au début n’était pas prise au sérieux. J’ai dû mener un vrai combat, un combat de vie, un combat artistique. Quand on vient de loin, on doit se battre comme un lion pour faire exister ce qui nous anime ». Depuis 1996, il développe avec sa compagnie Käfig (« cage » en arabe et en allemand) un travail au carrefour de multiples disciplines : hip-hop, cirque, arts martiaux, arts plastiques, vidéo, musique live. Il aime créer des rendez-vous entre des mondes qui n’ont pas l’habitude de se côtoyer, et toucher des publics qui ne sont pas nécessairement habitués à la danse. « J’aime l’idée d’un théâtre qui soit ouvert à tous, connaisseurs ou pas ».

La danse a rendez-vous avec le sport
Au départ, Mourad Merzouki a imaginé Zéphyr comme un rendez-vous entre la danse et le sport. Avant que la pandémie ne vienne tout retarder d’un an, la première du spectacle devait avoir lieu en Vendée, simultanément au Vendée Globe, la course à la voile en solitaire la plus difficile au monde. Mourad Merzouki trouve des similitudes entre son métier de chorégraphe et celui de skipper : « l’âme du voyage, le goût du risque, de l’aventure ». C’est dans une solitude identique à celle d’un skipper qu’il débute ses créations et ce qui l’anime est proche de l’appel du large : « On décide de créer parce qu’il y a quelque chose qu’on porte en soi, qui nous dit d’y aller ». La différence, c’est que Mourad Merzouki n’envisage pas le voyage en solitaire : « C’est l’équipe qui m’entoure qui fait que le projet prend vie. On se connaît par cœur, il y a quelque chose qui coule de source. Un spectacle, ce n’est pas l’histoire d’un seul homme ».

Le Zéphyr, un vent doux et agréable
Mourad Merzouki a conçu Zéphyr comme un voyage avec le vent, tour à tour léger et puissant. Sur scène, dix danseurs jouent avec le souffle qui sort de grands ventilateurs. Grâce au mouvement, les corps donnent forme à ce qui par essence n’en a pas. « Dans Zéphyr, les danseurs sont comme des voyageurs. À travers eux on retrouve le contact, le lien avec l’autre, on rêve de repartir un jour en voyage. Dans ce spectacle constitué de tableaux intenses, chacun peut raconter sa propre histoire. Les danseurs-voyageurs luttent pour exister ; je crois que chacun peut se retrouver dans ce combat-là ». Comme dans ses créations précédentes, la musique est très importante. « Depuis mon premier spectacle, je travaille avec le compositeur Armand Amar. Il signe une musique très cinématographique, qui vient souligner le travail du corps, apporter de l’émotion. Dans Zéphyr, il y a un vrai voyage musical avec des musiques du monde, des moments très rythmés et d’autres plus doux ».

Le passeur de rêves
Depuis ses débuts, la compagnie Käfig a créé une trentaine de spectacles qui ont été joués dans 65 pays, 700 villes, devant 1,7 millions de spectateurs. Un rêve d’enfant pour Mourad Merzouki, qui ne peut s’empêcher d’avoir des étoiles dans les yeux à la pensée des 5 spectacles actuellement en tournée internationale. « Savoir que ces spectacles vont rencontrer le public, ça me rend super heureux ». Né à Lyon et issu de l’immigration, il confie : « La question identitaire, ce n’était pas toujours facile. La danse m’a aidé à m’exprimer, à aller vers l’autre, à prendre confiance en moi, à dépasser les préjugés ». Ce rêve d’émancipation par l’art, il le transmet aux plus jeunes « Aujourd’hui j’ai la possibilité d’être un passeur, de proposer des espaces de travail, des festivals, des coproductions pour que la jeunesse puisse s’exprimer ».

C’est la responsabilité de l’artiste d’être optimiste
Lorsqu’il plonge son regard vers l’avenir, Mourad Merzouki préfère voir le verre à moitié plein « On traverse une époque pas simple, c’est normal de se poser des questions. Mais qu’est-ce qu’on en fait ? À mon endroit, j’essaie de continuer. C’est la responsabilité de l’artiste d’être optimiste tout en prenant compte des alertes. L’art doit apporter une poésie, un appel d’air, pour que le monde ne parte pas en vrille. Proposer une forme de solidarité qui nous fait nous tenir coude à coude. L’art doit nous aider à résister, à continuer à inventer le monde de demain. J’ai choisi d’être artiste pour ne pas être dans le rouleau compresseur du monde, pour défendre la beauté de la vie ». Et cette beauté, il veut la partager avec le plus grand nombre. « Il y a dans mes créations quelque chose de divertissant que j’assume totalement. J’aime l’idée que les spectateurs prennent un bol d’air, que ça leur fasse du bien dans leur quotidien ».

Bruxelles, une histoire de famille
Zéphyr est le cinquième spectacle de Mourad Merzouki programmé par Wolubilis après Correria / Agwa, Vertikal, Pixel et Boxe Boxe Brasil. Le chorégraphe est heureux de retrouver le public bruxellois « Bruxelles, c’est une histoire de famille. C’est un public à la fois fidèle et exigeant où on sent un amour pour l’art, pour la danse. J’ai hâte de découvrir comment il va appréhender ce nouveau spectacle… ».

– Émilie Flamant

Du 2 au 4 juin à 20h30
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