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TROIS AMIS, TROIS ACTEURS, UN TRIOMPHE

Article • Publié le Actualités

Ils se retrouvent avec une joie non dissimulée, se glissant à nouveau avec un plaisir immense dans la peau d’un personnage désormais tellement familier, et qu’il faut pourtant réinventer à chaque représentation.

ALAIN LEEMPOEL : MARC
« Quand Adrian Brine nous a demandé quel rôle on voulait jouer, Pierre et moi ne voulions pas du tout du personnage qui est devenu le nôtre. Je ne voulais pas du rôle de Marc, il était trop proche de moi et je le sentais. Avec le recul, je peux avoir cette honnêteté et reconnaître me montrer parfois radical sur certains points. Mais les rapports de force qui s’établissent entre nous induisaient la distribution imaginée par Adrian. Et nous n’en avons jamais changé. » Les trois personnages n’en font qu’un seul illustrant tout le paradoxe humain. « Un comédien va toujours vers le personnage, avec l’envie de trouver en lui ce qui lui ressemble. Mais aujourd’hui, avec 24 ans d’écart, c’est le personnage qui vient à nous. Nous nous le sommes vraiment approprié. »

Après autant d’années de plaisir à jouer ensemble et d’amitié sincère, que peut-on encore apporter à une nouvelle version ?
« Récemment, Pierre nous a encore dit cette belle phrase en sortant de scène : “on a de la marge”. Chaque soir, il est encore possible d’inventer car nous avons chacun pleine confiance en nos partenaires. Le mot de la fin ? Savourer. Dans cet art de l’éphémère qu’est le théâtre, ce ciment Art restera à jamais entre nous. »

PIERRE DHERTE : SERGE
« À l’époque, j’ai découvert un texte excessivement bien écrit, qui procure la même sensation que de lire L’Étranger de Camus, une écriture incisive, chaque mot est pesé et choisi. Ce n’est pas un hasard si elle est traduite dans le monde entier. »

Aurait-il des points communs avec son personnage ?
« Serge a une profonde admiration pour l’art contemporain et je me posais également pas mal de questions à ce sujet, mon père s’intéressait à la peinture et me poussait à en avoir une meilleure connaissance. J’ai donc fait la démarche de rencontrer un peintre spécialiste du monochrome blanc et de l’abstraction et… je me suis retrouvé dans la situation de Marc, cherchant une explication. Or, le discours est intéressant. Pourquoi ne pas accepter simplement qu’on puisse aimer ce genre de tableau ? Si l’art est un prétexte dans la pièce, il est fondamental. »

Quel regard porter désormais sur cette œuvre ?
« J’ai 58 ans et on n’a plus énormément de temps à perdre. Que ce soit dans ma vie ou dans Art, je suis devenu plus patient. Et mon Serge d’aujourd’hui est plus compréhensif et posé. Le mot de la fin ? Cadeau. Celui qu’Alain m’a fait en revenant me chercher. Et celui de jouer une telle pièce. Il faut donc en être digne et l’honorer chaque soir. »

BERNARD COGNIAUX : YVAN
Comment aborder un tel succès et un tel rôle ?
« Pour être universel, il faut d’abord être de quelque part. Le milieu bourgeois parisien devient le terrain de tout le monde. Yvan me ressemble-t-il ? On a tendance à le penser. Pour être honnête, c’est un rôle payant, avec ce gros monologue en milieu de pièce. Et même s’il est insupportable, Yvan est le plus raisonnable des trois, sorte de voix de la sagesse malgré sa maladresse. Mais il est vrai que j’aurais bien aimé jouer Serge, ne fut-ce que pour sa réflexion sur l’art même. Comment porter un jugement sur une œuvre si on n’a pas les codes ? J’apprécie aussi la position de Marc, sa critique d’un certain snobisme dans le monde de l’art et son anticonformisme. La bien-pensance culturelle me dérange beaucoup. Il y a donc des facettes que j’aime en chaque personnage mais ça ne m’étonne pas qu’on me voie dans la peau d’Yvan. » « Pourquoi on se voit si on se hait ? » se demande son personnage, une phrase qui interpelle. « Mais s’ils ne se voient pas, ils sont désespérément seuls. Yasmina Reza a une vision très noire de l’âme humaine, et en particulier des hommes. Ma vision est bien plus optimiste. La pièce semble nous dire : la vie est complexe, rien n’est gagné mais rien n’est perdu non plus. Le mot de la fin ? Rare. Car c’est unique de pouvoir jouer avec les mêmes partenaires la même pièce en trois versions. Rare et précieux. »
– Gilda Benjamin

>> TICKETS POUR LES REPRÉSENTATION DU 20 AU 31/12

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