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TROUVER SA PLACE… UN CASSE-TÊTE SANS FIN

Article • Publié le Actualités

Combien de fois nous sommes-nous posés cette question « suis-je bien à ma place » ? Sommes-nous tributaires de cette place de par notre naissance, notre zone géographique et notre environnement social ? Et la liberté dans tout ça ?

Trouver sa place semble répondre aux injonctions de notre société, de notre milieu familial, social voire politique. Dans son ouvrage Être à sa place (Éd. de l’Observatoire) la philosophe et écrivaine Claire Marin dissipe dès le début l’idée d’un monde bipolaire : « On pourrait croire que le monde se partage entre les enracinés et les nomades, qu’il y a deux espèce d’êtres, les hommes de la terre et ceux du vent. Certains ne seraient heureux qu’à la place qu’ils occupent, comme s’ils étaient faits de ce sol, modelés de cette matière. D’autres ne feraient qu’effleurer les cimes, être du passage et du survol, jamais vraiment ancrés dans un lieu ou une relation. Or ce n’est qu’une « alternative nostalgique (et fausse) » nous prévient Georges Perec. Nous sommes dans l’entre-deux, des êtres toujours en mouvement (…) » (Être à sa place, p.9, Éd. de l’Observatoire).

Remettre à sa place la notion de place
La question de « place » paraît cruciale dans la construction d’une identité. Elle est le reflet de l’image que nous renvoyons aux autres et définit nos relations avec autrui. Cette place nous classe ou nous déclasse. Notre place s’inscrit dans une problématique d’héritage puisque au sein de nos familles, nous sommes dépendants de notre ordre de naissance, puis par les projections de nos parents durant l‘enfance et enfin par notre milieu social. Ces éléments de base déterminent une trajectoire vers une place imaginée. Toute la question est de savoir à quel point nous sentons cette détermination extérieure comme un encouragement ou une contrainte. Aussi, parfois, au cours de l’existence, des bifurcations se font malgré nous. L’obsession pour atteindre une certaine place peut créer plus de frustrations que de satisfactions. Soit nous n’atteignons jamais cette place enviée et nous vivons dans la déception de cette vie « que je n’aurai pas vécue alors que je l’aurais méritée » soit, et c’est peut-être même pire, nous parvenons à cette place convoitée mais elle ne nous correspond aucunement. Là, c’est la désillusion d’une place plus fantasmée que réaliste.

La place de la liberté
Nous ne sommes peut-être pas toujours les mieux placés pour dire quelle est notre place. Mais choisir sa place (ou ne pas la choisir) et la manière dont on l’habite est l’essence même de notre liberté individuelle. Nous pouvons toujours rester à la même place, ne pas en vouloir une autre mais, en même temps, être sans cesse à vouloir la transformer intérieurement. C’est un déplacement intellectuel perpétuel. Par exemple, nous pouvons faire le même métier durant des années mais décider de le faire autrement. Claire Marin nous explique que même quand quelque chose peut sembler stable ou statique, pour continuer d’habiter une place réelle, symbolique ou affective, on la travaille. Il y a de la création et du renouvèlement incessant pour nourrir ou garder vivante cette place qui, de l’extérieur peut avoir l’air immuable. Au fond, nous n’occupons pas qu’une place mais plusieurs en même temps selon les moments de notre vie. Le tout est de savoir si l’une n’empiète pas sur les autres. Nous devons être conscients de deux dangers symétriques : trop d’enracinement nous pousserait à ne pas remettre nos places en questions, que nous nous y sentions bien ou non et, trop se réinventer nous enfermerait dans « une prison du dehors ».
La question des places est vaste et complexe lorsqu’on s’y arrête. Claire Marin y apporte des pistes de réflexion par le biais de la philosophie et nous pousse à nous remettre en question, nous et nos places confortables ou non.

– Marie-Gaëlle Van Snick

>> TICKETS pour mercredi 19 avril à 20h00

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