Wolubilis

ET TOUJOURS, S’ÉTONNER

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THÉÂTRE – NOUVELLE SAISON
/Dis-moi ton nom, tes révoltes, tes blessures et tes aventures folles. Dis-moi le monde et la vie. Sur la scène de Wolubilis, les destins et les récits se succèdent, les spectacles s’inscrivent dans un mouvement continu et salutaire. « Mais quelles histoires ! » pourra-t-on s’exclamer tout au long de cette nouvelle saison.

Vingt-huit spectacles, sept grandes conférences et quatre lectures-spectacles, Wolubilis joue la carte qui lui va le mieux, celle de la pluridisciplinarité. Sa co-directrice et programmatrice artistique, Valérie Mahieu, poursuit ce désir de raconter des histoires aux spectateurs, « de les emmener dans un ailleurs, qu’il soit fictif ou ancré dans le réel. Je ne fonctionne qu’au coup de cœur, pour me rendre compte qu’il existe un fil rouge inconscient dans chaque programmation, celui de la surprise et de l’évasion. »

Énergie des corps
Revisiter Alice au pays des merveilles donne le spectacle de danse Alice par la compagnie taiwanaise B.Dance, mêlant les codes de la danse asiatique et des arts martiaux à ceux de la danse contemporaine. « Un spectacle majeur à l’esthétique très inventive, qui jouit d’une belle reconnaissance à l’international. Mais nous avons aussi deux autres spectacles de danse passionnants, détaille Valérie Mahieu. Le Grand Bal par la Cie Dyptik va mettre le public en transe ! Les deux chorégraphes sont issus du hip-hop et des arts urbains. Une musique qui pulse, une tension qui va crescendo, une libération des corps, tout est vibration. » La grande scène de Wolubilis permet d’accueillir des compagnies et des productions aux mises en scène ambitieuses, le public ne s’y trompe pas et guette chaque saison les nouvelles pépites d’une discipline se renouvelant sans cesse. Quant à la collaboration avec l’Europa Danse Company de Laurent Drousie, elle se poursuit avec la reprise de son Roméo + Juliette. Autre axe essentiel récurrent chaque année : le cirque. « Un immense coup de cœur général au dernier Festival d’Avignon est Yé ! Les spectateurs suivaient les acrobates et danseurs jusque dans la rue pour les acclamer. Yé ! signifie « eau » en susu, dialecte de Guinée dont est originaire le Baobab Circus qui livre sa réflexion sur les enjeux de l’or bleu en Afrique, dans un spectacle où le seul agrès des participants est leur corps. »

Attention, thriller
Les frissons ont du bon quand ils se propagent par scène interposée. Trois spectacles seront cette saison marqués du sceau du thriller et du suspense. L’Heure des assassins de Julien Lefebvre renoue avec la comédie policière et convoque des personnages hauts en couleur, de Bram Stoker à Arthur Conan Doyle. « Idéal si vous aimez le Cluedo et Agatha Christie ! Nous aurons aussi l’événement Denali de Nicolas Le Bricquir, nommé quatre fois aux Molières. Il l’a conçu comme une série Netflix, rythme haletant et codes émotionnels. Le spectacle s’inspire d’une histoire vraie et dénonce les dangers des réseaux sociaux, et de la consommation compulsive sur les plateformes de streaming, à travers le crime d’une adolescente en Alaska. Le visuel scénique et l’interprétation insufflent une dynamique incroyable. » Tension et suspense toujours au programme avec Big Mother où l’on retrouve l’inventivité agile de Mélody Mourey à qui l’on doit déjà les succès Les Crapauds fous et La Course des géants. « On la compare volontiers à Alexis Michalik de par son esprit de troupe et ses histoires bien ficelées. Il s’agit ici d’une enquête politico-journalistique quant aux dangers du big data dans nos démocraties. » Le théâtre, miroir de notre monde.

Accueil grandiose
Quand on parle du loup… surdoué du théâtre, le voici. Wolubilis accueille la nouvelle création d’Alexis Michalik, Passeport, qui vaut à son jeune comédien Kevin Razy une nomination aux Molières. « Si le spectacle commence dans la jungle de Calais et suit le parcours d’Issa, Michalik se défend d’avoir écrit sur la situation des migrants, explique Valérie Mahieu. Mais sa charge contre le racisme traverse tout le récit, qui, on peut lui faire confiance, se termine en un coup de théâtre que le spectateur est bien loin d’imaginer. Il confirme son ingéniosité en termes de conception et de scénographie. » Les Téméraires – Zola et Méliès au cœur de l’affaire Dreyfus de Julien Delpech et Alexandre Foulon souligne l’engagement de deux hommes pour la vérité dans une France fracassée en deux, gangrenée par l’antisémitisme. « Un spectacle produit par le Grenier de Babouchka qui était chez nous la saison passée avec Le Voyage de Molière et avant encore avec Adieu Monsieur Haffmann. » Cohérence et retrouvailles rythment régulièrement la programmation au fil des ans. Ma Version de l’histoire, qui clôturera la saison, voit le public jouer le rôle, passif, du psy, devant un couple où chacun donne sa version. « Une mécanique de comédie bien huilée et très efficace. La mauvaise foi fonctionne toujours bien au théâtre ! » Quant à Frères de Clément Marchand, il aborde un univers peu exploité au théâtre, celui de la gastronomie. « Une histoire d’amitié entre deux cuisiniers de classes sociales différentes qui traversera les épreuves. Un spectacle vraiment savoureux, un autre coup de cœur d’Avignon. »

Seul, ensemble
Dans un souffle ou par une réplique piquante, l’artiste en solo nous prend par la main pour un bout d’histoire partagée. Kessel, la liberté à tout prix, avec Franck Desmedt, dresse un portrait de l’auteur flamboyant « dont la vie est un véritable roman. Résistant, aviateur, aventurier, journaliste, écrivain…. Un être bouillonnant dont on découvre encore les multiples facettes et campé par un comédien remarquable. » Seul en scène mais porté par l’amour du public, c’est ce que vivra à coup sûr Pierre Arditi qui, avec sa Pépinière portera les mots de Yasmina Reza et de Jean-Michel Ribes. Précieuses retrouvailles !

Zygomatiques
Chroniqueuse sur France Inter, Constance se livre sur son Inconstance. « Elle a vécu un burn-out et en a tiré un spectacle, transformant sa fragilité en un récit drôle et touchant, sorte de Vol au-dessus d’un nid de coucou contemporain. » Si l’humour saupoudre une bonne part des aventures scéniques de la saison, certaines lui sont pleinement dédiées. CommeL’Art de ne pas direde et avec Clément Viktorovitch, véritable phénomène de l’analyse politique. « Cet as de la rhétorique se glisse dans la peau d’un conseiller décortiquant  toutes les ficelles de la langue de bois en politique. » Sans oublier le Coup du Cœur du bourgmestre mettant en lumière, cette fois, le formidable Ah ! Les jolies colonies de Ben Hamidou, remontant à sa petite enfance, quand à l’âge de sept ans il s’est retrouvé en foyer d’accueil. « Il interprète toute une série de personnages avec énormément de tendresse et d’humour. »

Inspirations belges
Des sourires, de l’émotion, de l’originalité, les productions belges occupent cette saison encore une place de choix. À commencer par un ovni, Annette, conçu et mis en scène par Clémentine Colpin. « Je suis fascinée par l’architecture d’un tel spectacle racontant l’intime. Annette livre plus de 70 ans de son existence, appuyée par deux comédiennes et deux danseurs, un parcours de vie à la fois unique et universel sur la condition de la femme et les chaos de la vie. » Fallait pas le dire est un énorme succès de Salomé Lelouch auquel Alain Leempoel apporte toute son intelligence de metteur en scène. Le spectacle idéal pour les fêtes de fin d’année. « Deux couples de comédiens passent au scalpel toutes les combinaisons du relationnel, quand la tolérance s’efface devant les sujets épineux comme la trottinette, le genre ou la chirurgie esthétique. Un beau casting s’en donne à cœur joie pour aborder ces thématiques. » Le Dieu du carnage de Yasmina Reza est devenu un classique dont on ne se lasse pas, avec ici une mise en scène d’Arthur Jugnot qui fait mouche et une distribution étincelante pour un grand moment de comédie grinçante. En attendant Bojangles, avec Charlie Dupont et Tania Garbarski, connaît également un grand succès, ainsi que Venise sous la neige qui ouvrira la saison.

Salle de classe
La Compagnie Chantal & Bernadette, anciens profs, proposent deux spectacles autour de la langue française et de l’enseignement. La Convivialité décortique la complexité de l’orthographe au regard de l’Histoire. « On a tous souffert sur les accords
des participes passés mais dès que nous sommes titillés sur la réforme de l’orthographe, l’opposition est forte. L’expérience, très drôle, nous met face à nos contradictions. Leur nouveau spectacle Kevin, se veut lui symbole de ces élèves perdus, pour qui l’école ne fonctionne jamais. Là encore, une réelle interaction, très ludique, s’établit avec le public. » Un mode de partage qui prévaut tout autant chez Bart Van Loo et ses Téméraires, le succès-phénomène qui revient cette saison.

Portraits
Trois créations du Théâtre de Poche prennent leurs quartiers à Wolubilis. Iphigénie à Splott de Gary Owen s’attache au personnage d’Effie. « Une jeune femme à la dérive issue d’un quartier sinistré au Pays de Galles. La comédienne l’incarne comme on lance un uppercut sur un ring de boxe. Jusqu’au jour où une rencontre va bouleverser sa vie… J’en suis sortie en pleurs. » Toujours mis en scène par Georges Lini, La sœur de Jésus-Christ se présente comme un western sur fond d’Italie du Sud, avec une scénographie de génie. Une histoire de vengeance incarnée où le narrateur joue tous les personnages. Enfin, Fils de bâtard, de et avec Emmanuel De Candido, livre sa propre histoire d’enfant illégitime partant sur les traces de son père. Et quand l’hiver déploiera ses frimas, les musiques arabisantes du maître du oud Driss El Maloumi mêlés à celles du Watar Quintet réchaufferont les cœurs. Le public se montre toujours plus curieux et enthousiaste. « À chaque saison, ça me fait chaud au cœur, conclut Valérie Mahieu. Je pense qu’il y a un besoin accru de partager des émotions, de s’évader et de s’entendre raconter des histoires. »

Tout un recueil vous, et nous, attend…
– Gilda Benjamin

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