GISÈLE HALIMI : UNE FAROUCHE FÉMINISTE HUMANISTE
Dans ce spectacle inédit Gisèle Halimi, une farouche liberté adapté du livre d’entretiens menés par la journaliste Annick Cojean, Ariane Ascaride et Philippine Pierre-Brossolette incarnent avec ardeur la célèbre avocate. Un hommage vibrant à celle qui s’est battue toute sa vie notamment pour le droit à l’avortement et la criminalisation du viol et qui nous invite à prendre le relais dans cette lutte essentielle pour l’égalité.
Elle se décrivait elle-même comme « une avocate irrespectueuse ». En juillet 2020, Gisèle Halimi s’éteignait mais sa parole et son engagement pour une société plus juste au service de la cause des femmes sont plus que jamais d’actualité. Un mois après son décès paraissait Une farouche liberté (Éd. Grasset), un livre d’entretiens menés par la journaliste Annick Cojean, retraçant 70 années de combats humanistes et féministes. À l’origine de cette adaptation théâtrale, la comédienne Philippine Pierre- Brossolette. Celle-ci explique à l’AFP : « La lecture du livre d’Annick Cojean a été un vrai bouleversement pour moi parce que je ne connaissais pas la vie de Gisèle Halimi. Très vite, je me suis dit que c’était un texte qu’il fallait absolument transmettre tel un flambeau parce que je trouve que la parole de Gisèle Halimi éduque et élève.»
« Une loi qui bénéficie à l’émancipation de la femme bénéficie à l’ensemble de la société. »*
S’affranchir des codes, se battre pour la liberté, faire évoluer la justice, durant 70 ans Gisèle Halimi aura été de tous les combats. Dans la Tunisie des années 30, petite fille rebelle alors âgée de 10 ans, elle entame une grève de la faim pour ne plus avoir à servir ses frères. Gisèle Halimi a le sentiment de l’injustice greffé en elle depuis son plus jeune âge et décide de devenir avocate pour se défendre. Sa rébellion et sa colère ont été son moteur et sa force dans les moments dramatiques de sa carrière quand, devenue avocate elle défend les militants du FLN victimes de torture par l’armée française durant la guerre d’Algérie ; le procès de l’IVG de Bobigny en 1972 ou encore, le procès d’Aix-en-Provence en 1978 qui amène à la criminalisation du viol. Tant de combats qui font encore écho aujourd’hui. « Ce que disait Gisèle Halimi, c’est que les femmes doivent être maîtresses de leurs corps et qu’elles doivent pouvoir choisir. Y-a-t-il un autre combat encore plus d’actualité ?» confie Ariane Ascaride à l’AFP.
« On ne naît pas féministe, on le devient.»*
Dans une mise en scène menée d’une main de maître par Lena Paugam, Ariane Ascaride et Philippine Pierre-Brossolette retracent les moments marquants de la vie de Gisèle Halimi. Dans ce récit à deux voix, tour à tour jeunesse et maturité, jeune fille et femme politique, femme amoureuse et avocate s’entrecroisent. « Ce qui est intéressant, c’est de voir à quel point il y a un peu de Gisèle Halimi en moi, en Philippine, en Ariane et en toutes les personnes qui se reconnaissent à travers ce qu’elle a traversé » explique Lena Paugam à l’AFP. Faire résonner la voix de Gisèle Halimi est primordial à un moment où certains acquis pour le droit des femmes sont remis en cause en Europe et dans le monde. Un spectacle essentiel, comme un passage de flambeau aux nouvelles générations. Gisèle Halimi disait d’ailleurs dans Une farouche liberté (Éd. Grasset) : « Le féminisme est un idéal qui permet d’entrevoir un monde apaisé où le destin des individus ne serait pas assigné par leur genre ; et où la libération des femmes signifierait aussi celle des hommes, désormais soulagés des diktats de la virilité. »
*Citations extraites du livre d’entretien entre Gisèle Halimi et Annick Cojean, Une farouche liberté (Éd. Grasset . 2020)
Marie-Gaëlle Van Snick