JEAN-FRANÇOIS BREUER À TABLE. ARRÊTONS DE NOUS JUGER !
Après le grand succès de son dernier spectacle Frédéric, dans lequel il incarnait un sosie malgré lui de Freddie Mercury, Jean-François Breuer se l’était promis : « Plus de seul en scène avant quelques années ! » Mais le hasard en a décidé autrement… C’est donc désormais en tant que Guillaume – et sans piano – qu’il officie, avec un plaisir non dissimulé.
« L’histoire de ce spectacle est vraiment liée au hasard », explique le comédien. « J’étais à Avignon avec Denis Janssens quand j’ai vu une affiche pour Les garçons et Guillaume, à table ! et je lui ai dit : dommage, j’aurais bien voulu la monter, cette pièce. Denis m’a tout de suite répondu : eh bien on va demander les droits ! Je pensais qu’on ne les obtiendrait pas vu qu’ils étaient déjà accordés, mais on les a eus ! ». Restait à trouver quelqu’un pour la mise en scène… et c’est là encore le hasard qui a décidé : « Denis travaillait avec Patrice Mincke sur d’autres projets et il lui a dit qu’il aurait peut-être quelque chose pour lui, mais sans s’étendre sur le sujet. Patrice lui a répondu « Trop tard, tu m’en as trop dit ! » Et puis tout s’est enchaîné », résume Jean-François.
Ne joue pas !
Patrice et Jean-François ne se connaissent pas, mais l’alchimie opère rapidement : « On avait tous les deux vu le film de Guillaume Gallienne à l’époque de sa sortie en 2013, mais on a décidé de ne pas le revoir pour ne pas être influencé. On voulait s’approprier la pièce au maximum », précise le comédien-pianiste. Interprétant pas moins de 17 personnages au total, Jean-François Breuer a pu compter sur le metteur en scène pour l’aiguiller dans cette performance : « Il m’a permis de rester dans la simplicité et d’être moi-même sans chercher à être dans la représentation. Sa plus grande réplique a été : « Ne joue pas ! ». Il m’a fallu un petit moment car c’est tellement gai d’incarner autant de personnages et j’aime beaucoup me lâcher, mais une fois que j’ai trouvé le ton, c’était évident pour moi. »
Un texte d’actualité
Questions de genre, d’acceptation de soi, des autres, d’apposition d’étiquettes, … Le spectacle aborde des thèmes qui sont, aujourd’hui encore, toujours fortement d’actualité. « Je pense que les choses ont évolué depuis la création du texte, même si je constate qu’on en revient quand même toujours aux mêmes questions. Au moment où la pièce a été écrite, on parlait beaucoup de l’acceptation de l’homosexualité. Aujourd’hui, il est question plus généralement de l’acceptation de soi, mais on est toujours dans la phase de questionnement… Il m’arrive encore qu’on me demande après le spectacle : est-ce que vous êtes homosexuel ? J’ai simplement envie de répondre : et qu’estce que ça change ? », raconte l’interprète de Guillaume. Même s’il aimerait que ces questions deviennent inutiles, Jean-François Breuer est cependant conscient de l’importance de les aborder : « C’est une phase normale : il faut en parler pour casser les normes, mais je rêve vraiment du moment où on pourra arrêter d’en parler ». Et d’ajouter avec enthousiasme ce qui sonne comme une conclusion parfaite : « Arrêtons de juger les gens pour ce qu’ils sont et disons-nous bonjour tout simplement ! ».
Delphine Georges