KORA BAROQUE - LA FUSION DE TROIS UNIVERS
Le titre du spectacle paraît limpide : musique baroque sur fond de kora… Pourtant, derrière cette évidente simplicité se cachent trois personnalités, un répertoire varié et de nombreuses rencontres, d’abord informelles. Car c’est bien à trois que Céline Scheen, Mamadou Dramé et Karim Baggili ont créé ce spectacle qui sera bientôt également un album.
C’est en entendant le morceau Gambia de Sona Jobarteh à la radio que l’idée de cette fusion a germé dans l’esprit du directeur de La Ferme ! Productions. « J’étais invitée à l’émission L’île paradisiaque de Camille De Rijck sur Musiq3 et Gabriel Alloing m’a entendue parler de ce morceau et de mon amour pour les sonorités de la kora. Il m’a alors proposé de me faire rencontrer Karim et Mamadou », raconte celle qui a décroché à 15 ans le prix du public au Concours des jeunes solistes.
De la flûte au chant
Si elle est aujourd’hui une chanteuse lyrique de renommée internationale, Céline Scheen a pourtant mis un peu de temps à trouver sa vocation. « J’ai d’abord pratiqué la flûte traversière pendant 10 ans, sur les conseils de notre médecin de famille, car je souffrais de problèmes respiratoires. J’aimais lire la musique, mais je n’ai jamais été vraiment convaincue par l’instrument. J’ai donc opté pour le chant au Conservatoire », se souvient la soprano belge. Au terme de son cursus, ne sachant pas encore ce qu’elle cherche, la jeune femme poursuit ses études de chant à la Guildhall School of music de Londres, où tout s’éclaire enfin. « J’y ai rencontré Reinhard Goebel pour l’enregistrement de la musique du film Le Roi danse et ça a été une évidence ! Il faisait de la musique ancienne de façon très moderne et ça m’a ouvert la voie pour la suite de ma carrière ».
Musiques du monde
Également professeure de Zumba depuis 9 ans, Céline Scheen aime les rythmes latinos et africains. Elle travaille également beaucoup avec l’ensemble vocal et instrumental Arpeggiata de Christina Pluhar, très ouvert sur la musique du monde. Sa collaboration avec Karim Baggili semble donc toute tracée : « Je le connaissais de nom et on s’était déjà rencontrés dans un festival, mais c’est Gabriel qui a pensé à nous mettre en contact dans le cadre de Kora baroque », souligne l’artiste. « C’était une super idée car il permet vraiment de faire le pont entre mon univers et celui de Mamadou Dramé qui est vraiment ancré dans la musique africaine ». Originaire de Casamance, dans le sud du Sénégal, le joueur de kora est quant à lui parvenu à intégrer magnifiquement les sonorités de son instrument aux morceaux proposés par ses compères.
Un répertoire varié
Chansons baroques, classiques, africaines ou contemporaines se mêlent harmonieusement au sein du répertoire de Kora baroque, nourri par chacun des artistes. « Je leur ai fait écouter mes morceaux, Karim a apporté des chansons plus contemporaines et Mamadou nous a proposé deux chansons africaines, dont une magnifique qu’il a écrite sur l’excision » confie Céline Scheen. Et alors qu’il n’avait prévu qu’une seule représentation au départ, le trio enchaîne les concerts et se prépare aujourd’hui à la sortie d’un album reprenant les morceaux du spectacle. « Le public était tellement réceptif que nous avons ajouté d’autres dates. Les gens sont généralement très émus par ce concert qui ne ressemble pas à ce qu’ils ont l’habitude de voir… », se réjouit la soprano. Et de conclure avec humilité : « Les instruments à corde pincées comme la kora sont mes préférés car je trouve qu’ils caressent l’âme. C’est à la fois rythmique et doux… Karim, Mamadou et moi sommes aussi des personnes douces et c’est ce qui fait que nous nous accordons si bien, je pense ». – Delphine Georges