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LAURENCE BIBOT - " ÇA VA ÊTRE UNE IMMERSION DANS L’AUTRE ! "

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Laurence Bibot nous revient avec un spectacle atypique et c’est un évènement. Parée de ses perruques, elle s’amuse à devenir d’autres femmes à l’aide d’archives télévisuelles qu’elle sélectionne pour notre plus grand plaisir. Mais comment résumer ce nouveau projet Je Playback ? Elle répond : « ça va être une immersion dans l’autre. C’est pas mal ça ?! » Cet évènement est l’occasion de rencontrer Laurence Bibot afin d’en savoir plus.

L’histoire des playbacks de Laurence Bibot a débuté sur Instagram. C’est en visionnant des archives remasterisées de la télévision belge sur la SONUMA et Auvio que l’idée a germé. « Je crois que je suis tombée sur une archive que je n’ai pas faite en playback mais que j’ai testée. C’était une écrivaine française qui pensait qu’une femme aimait être soumise et que le féminisme était un truc qui allait passer. C’est quand même dingue d’avoir raconté ça ! Et puis, je m’ennuyais – je crois qu’on ne parle pas assez des vertus de l’ennui – et j’ai commencé à doubler comme ça. C’est à cette époque que j’ai découvert Instagram et qu’Angèle m’a montré comment l’utiliser avec le principe de ces petits films qui durent 30 secondes. Ça m’a semblé très créatif et j’ai fait un premier playback sans penser au lendemain. C’est rigolo car dans le spectacle je cite les huit premières personnes qui m’ont mis un petit coeur ou un petit pouce. Ça m’a amusée et je me suis prise au jeu. Tout simplement, j’ai continué. Aujourd’hui, j’ai plus de 180 playbacks.»

 » C’est jouissif d’être quelqu’un d’autre ! « 
N’ayant que trente petites secondes pour s’exprimer à travers ces femmes que Laurence Bibot incarne, le travail de sélection des archives pourrait sembler laborieux. Alors, simplement, elle nous confie qu’il faut que ces témoignages lui parlent, l’amusent et la touchent. Si ce que la personne raconte l’interpelle, cela lui suffit pour se lancer. Laurence Bibot aime observer les gens et est fascinée par la manière dont ils s’expriment, bougent, cachent leurs émotions ou les montrent. Il y a une multitude de choses infimes qui a priori semblent sans importance mais une fois passées à la loupe, peuvent nous en dire beaucoup plus que ce qu’on pensait. Et comment faire pour entrer dans la peau d’une étrangère ? « C’est un peu comme une transe. J’ai un petit coup de foudre. Je les vois et me dis : « wow, ça c’est trop bien ! ». Je l’observe, je réécris le texte, je la regarde plusieurs fois pour la comprendre et arriver à la doubler sans lire mon texte. En fait, j’aime regarder les gens et je ne me l’explique pas. Ensuite, c’est très étrange, mais je rentre dans le personnage. Je vais trouver la perruque qui lui ressemble, je choisis des vêtements similaires aux siens. Je ne vais plus faire une analyse un peu froide et distante. Je vais l’incarner durant quelques heures. Au final, j’ai l’impression de mieux les connaître. Il y a des femmes que je trouve beaucoup plus touchantes après les avoir incarnées et d’autres, à l’inverse, où je me dis « quelles menteuses ! ». Même si ce sont des objets de curiosité, j’essaye néanmoins d’être honnête et de leur rendre justice. L’idée n’est pas de les disséquer mais de les regarder tellement longtemps et tellement fort, que j’ai l’impression d’entrer dans leur tête. C’est vraiment jouissif d’être quelqu’un d’autre. Ce n’est pas très rigolo d’être soi tout le temps. »

L’image de la femme dans les médias
Ce sont des femmes que Laurence Bibot incarne au fil de ses playbacks. À travers elles, elle retrace l’évolution de la perception de la femme à la télévision depuis les années 60 jusqu’aux années 80. Elle nous explique : « la télé des années 60-70 était une télévision encore très masculine. Ce sont aussi souvent des paroles de femme qu’on n’entendrait plus aujourd’hui. » Ce fil rouge qu’est l’évolution de l’image de la femme dans notre société n’était pas le but de Laurence Bibot. « Je ne l’ai pas fait consciemment. Je l’ai fait car je les trouvais intéressantes et interpellantes » Et que penser alors de cette évolution ? Est-ce mieux d’être une femme médiatique et dans les médias en 2023 ou était-ce mieux avant ? « Il y en avait tellement peu déjà à l’époque. Une femme médiatique, je ne sais pas mais, une femme dans les médias, c’est peut-être encore différent. Heureusement aujourd’hui, depuis MeeToo, il y a une espèce de changement radical et assez brutal qui fait qu’on ne peut plus faire les mêmes choses qu’avant. Vraiment. Et, on le sent dans les paroles. D’ailleurs, toutes et tous, nous marchons sur des œufs car nous essayons de faire attention. Je le vois également, sauf lorsque j’ai des interlocuteurs réacs hommes ou femmes, les gens sont conscients du changement qui s’opère. Heureusement, c’est mieux maintenant ! ».
Drôle, absurde et mélancolique
Partant du passé, Je Playback à quelque chose de mélancolique. Laurence Bibot décrit elle-même ce spectacle comme étant drôle, absurde et mélancolique. Mais pourquoi mélancolique au fond ? « Peut-être parce qu’on parle beaucoup du passé. Je crois que c’est le rapport aux archives qui est mélancolique. Et puis, c’est surtout mon état à moi qui est mélancolique. Parfois, je recherche à être triste. La mélancolie vient du passé et les femmes que j’incarne ne sont peut-être plus là. Je les prends à un moment où elles étaient jeunes et belles et ne le sont peut-être plus. » Nous avons alors demandé à Laurence s’il y avait un message à travers son nouveau spectacle ? « Je pense que c’est à chacun d’y trouver ce qu’il a envie. C’est plus un constat des choses qui évoluent. En effet, c’est comment on a perçu les femmes, comment elles se sont exprimées, comment on les écoutait ou on ne les écoutait pas. Ça, ça semble assez clair. Après, il y a clairement des choses qui sont là car elles me font rire ! »

Je Playback sur scène
Laurence Bibot peaufine jusqu’au dernier moment son nouveau spectacle qui ne sera ni un one-woman-show ni un documentaire ni même un spectacle playback. Mais alors, à quoi devons-nous nous attendre ? « Je ne sais pas encore très bien non plus… (Rire) Il y a des choses que je connais et puis, il y a des choses qu’on va travailler avec Aurelio Mergola, le metteur en scène. Nous sommes en train d’élaborer à deux ce qu’on a envie de montrer en plus des playbacks. Je vais aussi expliquer au public le pourquoi et puis il y aura une troisième partie qu’on est occupé à créer et qui sera plus expérimentale. Ces trois morceaux vont s’associer. Je suis moi-même très curieuse de ce que ça va être. » Et Laurence de vous inviter : « si vous n’aimez pas le théâtre, il y aura des images et, si vous n’aimez pas le cinéma, il y aura du théâtre. Et il y aura du rire ! »

– Marie-Gaëlle Van Snick

SPECTACLE COMPLET!

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