Wolubilis

ACTU / LE FONDS SPARADRAP

Article • Publié le Actualités

IL NE SOIGNE PAS, IL NE GUÉRIT PAS… MAIS IL SOULAGE LES PLUS DÉMUNIS !
En réaction à la crise actuelle et à l’arrêt du secteur culturel, l’acteur et comédien de doublage Alain Eloy (applaudi, entre autres, à Wolubilis dans Callas, il était une voix et Hamlet) a eu l’idée de créer, en mai dernier, le Fonds Sparadrap. Une action solidaire et citoyenne qui vise à apporter une aide financière aux travailleurs du secteur culturel les plus précarisés.

D’où vous est venue l’idée du Fonds Sparadrap ?
J’étais en tournée à Bertrix avec le spectacle Hamlet quand tout s’est arrêté. Je savais que l’arrêt du spectacle risquait de mettre l’équipe dans une situation financière très compliquée. Si dans mon entourage direct il y avait des gens en difficulté, alors il devait y en avoir inévitablement beaucoup d’autres. J’ai donc voulu mettre en place un fonds qui leur vienne en aide. J’ai surtout pensé aux jeunes qui viennent de sortir des écoles d’arts et qui sont dans une zone flottante: ils ne sont plus étudiants mais n’ont pas encore droit à une aide alternative comme le chômage ou le CPAS. Eux ils allaient crever la dalle et je ne m’étais pas trompé…

Comment s’est passée la mise en place du Fonds Sparadrap ?
Entre l’idée et la mise en place, il a fallu un peu de temps. Je me suis vite rendu compte que si je portais ce projet tout seul, j’allais échouer. Mon idée à la base, était de demander à mes amis doubleurs de verser la somme de 2,50€ pour chaque doublage. Un genre de cagnotte solidaire pour nos amis artistes de théâtre, danse, cirque… qui ne pouvaient pas monter sur scène. J’ai alors contacté Pierre Dherte, de l’Union des Artistes, qui a tout de suite été emballé par le projet. Le Fonds Sparadrap était lancé avec l’aide de quelques personnes constituant le comité de réflexion, notamment Michaël Delaunoy qui y a inclus la FEAS – fédération professionnelle des employeurs en arts de la scène.

Concrètement, comment fonctionne le Fonds Sparadrap?
Le fonds ne verse pas d’argent directement aux personnes ayant fait la demande mais on leur propose de régler une facture comme par exemple les impôts, l’électricité ou les huissiers de justice. Il faut se rendre compte qu’il y a des gens qui ne touchent plus rien depuis le mois de mars, à savoir 8 mois. Plus de 60% des demandes représentent le paiement des loyers.

Le public a-t-il été généreux?
Quand j’ai lancé ce projet, je pensais récolter entre 5.000€ et €10.000€ et aider quelques personnes en difficulté mais grâce à la générosité de tous, nous sommes à 4 fois plus. Les gens ont été et sont toujours incroyablement généreux. C’est un principe de  solidarité: les gens qui ont aident les gens qui n’ont pas… Plusieurs exemples: un monsieur qui verse tous les mois 1.000€ et qui continuera à le faire tant que la crise ne sera pas terminée, une autre personne qui a une société prospère et qui a fait un don de 10.000€, sans parler de Wolubilis qui nous a aidés à hauteur de 11.000€ avec les dons de ses spectateurs et de la FEAS avec 35.000€.

Combien d’artistes ont pu être aidés?
Depuis le début nous sommes à peu près à 350 demandes d’aides et nous répondons positivement à 90% des cas. Le comité de réflexion donne priorité aux personnes ne bénéficiant d’aucune aide mais nous analysons au cas par cas et fonctionnons surtout avec notre cœur tout en respectant des critères. Tout au long de ce processus, je me suis rendu compte que, souvent, les gens qui sont le plus dans le besoin ne faisaient pas appel au fonds. Petite anecdote: un de mes amis régisseurs ne voulait pas faire appel au fonds parce qu’il considérait qu’il n’était pas encore assez dans le besoin mais il a posté sur son mur facebook “4 du mois et je n’ai plus un bal sur mon compte mais j’ai une idée”. Il a eu l’idée de vendre des nems dans son garage… J’ai donc décidé de lui acheter des nems en négociant un prix exorbitant et ainsi lui permettre de passer le mois.
Il était important que le fonds ne soit pas juste destiné aux artistes mais aussi à toutes les personnes travaillant dans le secteur culturel telles que les régisseurs.

Est-ce qu’il y a encore beaucoup de demandes d’aides ?
Le Fonds Sparadrap devait s’arrêter le 27 septembre lors de la Fête de la Fédération Wallonie-Bruxelles et la reprise des théâtres. Avec ce deuxième confinement, le fonds a dû continuer et je ne sais pas jusque quand ça va courir… Certainement encore quelques mois. Moi, je n’ai qu’une envie, que le Fonds Sparadrap disparaisse et que tout le monde monte sur scène.
Oui, il y a encore beaucoup de demandes. Au-delà de l’argent, une pensée amicale, un geste solidaire, une main tendue, ça leur fait beaucoup de bien. Ils se sentent moins seuls et ça les soulage. C’est d’ailleurs dans cette optique que ça s’appelle Fonds Sparadrap, ça ne  oigne pas, ça ne guérit pas… ça soulage. Il y a beaucoup de douleur psychique, les artistes ne peuvent plus faire ce pourquoi ils vibrent.

Comment peut-on encore aider le Fonds Sparadrap ?
Dès maintenant, aller au musée, retourner dans les salles dès que les théâtres ouvriront!
Le public peut encore faire un don sur le compte BE95 3771 2042 7658
Mais aussi en ayant une pensée solidaire. Partager sur les réseaux sociaux “On pense à vous” fait un bien fou!

– Propos recueillis par Diana Crista

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