MACHINE DE CIRQUE ET BÊTES DE SCÈNE
Avec les 7 Doigts de la Main ou Éloize, vous pensiez connaître le meilleur du cirque contemporain québécois ? Accrochez bien votre mâchoire, car vous devriez rester bouche bée devant Machine de Cirque, une folle équipée qui confirme toute la puissance et la sensibilité du cirque venu d’outre-Atlantique.
Sans la fraternité, ces cinq gars-là seraient perdus. Coupés du monde, on les imagine coincés dans quelque terre sauvage, que seul le vent visite. Alors ils se démènent, recyclent tout ce qu’ils trouvent autour d’eux et construisent une étrange machine pour atteindre leur rêve : contacter d’autres humains et sortir de leur isolement. Leur antenne fonctionnera-t-elle ? Peu importe, finalement : c’est nous qu’ils électrisent. Plein de douceur et d’humour, Machine de Cirque nous touche en plein cœur, mieux qu’un S.O.S. ! Qu’ils empoignent des massues de jonglerie, une planche coréenne, une batterie ou même leur serviette de bain, la folle équipée de ces circassiens est irrésistible.
Un ingénieur toqué de cirque
Dans le moteur de cette « machine à jouer », on trouve Vincent Dubé, cofondateur de la compagnie Machine de Cirque en 2013. Pour le premier spectacle de la troupe, il avait un rêve : allier ses deux passions, cirque et ingénierie. « J’avais envie d’intégrer tous mes apprentissages en une même création », nous raconte-t-il avec un fondant accent québécois. « Le but était de créer une grosse machine qui envoyait des objets et des agrès de cirque. Mais quand on a commencé à créer le spectacle, on s’est rendu compte que la partie mécanique prenait trop le pas sur l’humain. Alors on a élagué pour revenir à l’essentiel. Mais ça a laissé des traces : notre nom tout d’abord, puis notre ton : on s’intéresse à l’utilisation des objets, on intègre les agrès au décor. Des ustensiles de la vie de tous les jours deviennent circassiens ! »
Dire beaucoup avec peu
Vincent Dubé a, comme quelques-uns de ses comparses, d’abord joué pour le Cirque du Soleil ou le Cirque Éos – de « grosses » machines de cirque. Avec leur compagnie, ils ont eu envie de mettre l’humain au centre du propos. « La trame narrative est le cœur de notre travail et le cirque est à son service, pas le contraire », nous explique l’auteur et metteur en scène. « D’autres préfèrent chercher l’image qui fait mouche. Nous préférons l’idée de réussir à faire beaucoup avec peu. C’est notre quête en tout cas ! On reste humble. »
Un succès phénoménal
L’humilité n’empêche pas le succès. Créé en 2013, Machine de Cirque, s’est déjà joué 700 fois à travers le monde, et cinq autres spectacles ont vu le jour depuis – dont le superbe Ghost Light présenté au dernier Festival UP. Comment se fait-il que le Québec reste la source de tant de chouettes compagnies de cirque contemporain ? « Il y a deux écoles supérieures de cirque, l’une à Montréal, l’autre à Québec, où l’on vient étudier du monde entier. Les diplômés ont donc un niveau de très grande qualité. Et un finissant sur deux monte sa propre compagnie ! La fécondité reste très forte. » Une belle source d’inspiration pour le reste du monde.
– Laurent Ancion
>> Tickets pour les représentations des 17, 18 & 19 novembre à 20h30