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Actu / PATRICK DONNAY : DÉFENDRE L’HUMAIN

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Le comédien belge Patrick Donnay irradie de son talent cette saison de Wolubilis. Il sera à l’affiche de trois spectacles, jonglant avec aisance entre humour et réflexion dramatique, entre réel et fiction. Prouvant de façon éclatante que tout registre est à sa portée.

Il sera en tournée avec Zinc de David Van Reybrouck, donnera la réplique à Jacqueline Bir dans La Dame à la camionnette d’Alan Bennett et jouera en fin de saison avec Le dernier salut de Nicolas Buysse. Trois rôles de premier plan pour un comédien qui contribue depuis plus de 40 ans aux beaux jours de la scène belge, et francophone dans son ensemble. « Et c’est la première fois que ça m’arrive de me retrouver ainsi à l’affiche d’une même salle ! »

De l’intime à la rue
Le dernier salut est un spectacle déambulatoire dans les rues alentour, créé fin décembre au Théâtre National, durant lequel les spectateurs portent un casque et s’avancent munis de lanternes. Patrick Donnay, Jean-Pierre Baudson et Alfredo Cañavate sont tous trois comédiens permanents du TN, ou du moins l’étaient. « Nous représentons une sorte de race de comédiens qui ne reviendra plus. L’heure de la retraite a sonné mais nous voulions marquer le coup et remercier le public qui nous a tant donné. Nous récitons des textes d’auteurs qui nous ont marqués et clamons haut et fort que nous ne sommes pas finis, l’envie de jouer reste la même. Nous voici donc, trimballant les spectateurs à la lumière de Corneille, de Gorki, de Prévert et tant d’autres. Nous installons vraiment un moment de connivence avec eux. » Il est toujours appréciable, quelle que soit la longueur d’une carrière, de sortir de sa zone de confort et d’innover. Ces trois comédiens l’expérimentent une fois encore avec cette formule pleine de complicité. « Nous qui avons souvent joué sur de grandes scènes, nous nous rapprochons du théâtre de rue. Mais c’était un désir de Fabrice Murgia, directeur du National, et de Nicolas Buysse, metteur en scène, de signifier que l’aventure continue. »

Rapport à l’histoire
Zinc revient sur l’histoire méconnue d’Emil Rixen, et de Moresnet neutre, minuscule bout de terre entre la Prusse et les Pays-Bas, tant convoité et qu’on connaît aujourd’hui sous le nom de la Calamine. Retour sur un destin unique et un pan de l’histoire belge. Quant à La Dame à la camionnette, qui marquera les fêtes de fin d’année, elle raconte l’histoire véridique de Miss Shepherd, rebelle et revêche, venue s’installer devant le domicile de l’auteur Alan Bennett dans les années 70 et qui y restera 15 ans. « J’ai toujours aimé m’ancrer dans le réel. Pour Zinc, il se fait que la Calamine se trouve à quelques km de chez moi et je n’étais pourtant pas au courant de cette histoire incroyable. Je trouvais passionnant l’idée de porter cette parole, les émotions s’entrechoquent. Il nous est arrivé de jouer devant une dizaine de membres de la famille Rixen, dont Léo, prêtre de 80 ans, figure emblématique de la région et dont on parle dans la pièce. C’est un spectacle qui va droit au cœur et qui, pourtant, n’aurait jamais dû exister. Heureusement que Michel Bellier a adapté le petit roman dense de David Van Reybrouck. Le spectacle a été créé en 2019 à Avignon, avec une mise en scène audacieuse qui oscille entre 1816 et 1971, et a emporté l’adhésion du public, tellement étonné par la véracité des faits. On parle des toits de Paris car, le saviez-vous, ils sont faits en zinc de Moresnet. Mais aussi de Napoléon qui reçoit une baignoire en zinc, de cet endroit devenu capitale mondiale de l’esperanto, de cet homme qui sans avoir jamais déménagé possède cinq nationalités… Une vraie parabole de l’Europe, entre hier et aujourd’hui. » Pour La Dame à la camionnette, on se situe plus dans le registre de l’humour. « Une histoire passionnante aussi, mise en scène par Alain Leempoel. J’ai toujours choisi des spectacles qui mettaient l’humain au centre de la réflexion. Je m’occupe aussi d’un festival près de chez moi à Herve, Paroles d’hommes, et je ne refuse jamais de défendre dès que je peux les valeurs démocratiques. » Benno Besson, Antoine Vitez, l’Atelier Sainte-Anne, Philippe van Kessel et le Théâtre National… Il n’y a pas de hasard, juste un fil rouge passion qui se délie en toute cohérence. « Mais je n’oublie jamais le plaisir du texte qui peut prévaloir dans des pièces moins engagées, quoique interpellantes sur la société des hommes, comme avec Diderot ou Molière. »

Fidélité et découverte
« Mon parcours est né de la fidélité. Jouer dans un spectacle c’est pénétrer dans une famille, une fratrie, durant plusieurs mois. Et puis tout s’envole. Mais quand nos chemins se recroisent, la complicité revient souvent très fort. » Et la route d’un comédien est pavée de retrouvailles heureuses. « Alain Leempoel est venu me voir dans Zinc, m’a appelé en décembre pour participer à La Dame à la camionnette, je connais Bernard Cogniaux depuis des années. J’ai programmé Jacqueline Bir dans Oscar et la dame rose mais je n’avais jamais joué avec elle. Le courant passe bien entre nous. Bernard et moi sommes comme deux frères qui interprétons Alan Bennett. Et voilà, on pense qu’avec la retraite du National, les choses vont s’arrêter, mais non, tout redémarre ! Croisons les doigts, nous avons tellement envie… ».

Patrick Donnay, également conseiller artistique du Théâtre Episcène à Avignon, fourmille de projets. Sa saison
sera belle, il le faut.

– Gilda Benjamin

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