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Actu / UN PIED DANS LE PARADIS

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C’est avec talent et beaucoup d’humour que Virginie Thirion s’attaque à la question de la pauvreté féminine à travers l’histoire de ces trois soeurs, contraintes par les circonstances de la vie à retourner cohabiter dans le cinéma familial. On y découvre leurs 1001 trucs et astuces pour parvenir à manger et à vivre, leurs petites arnaques souvent cocasses et leurs solutions, parfois pires que les problèmes initiaux. Une jolie mise en perspective de ces femmes, bien plus « héroïnes et résistantes du quotidien » que victimes ; un pied vers le paradis certes mais jamais dans la tombe !

Comment est née l’envie d’écrire cette pièce ?
J’avais été impressionnée par un livre consacré aux célèbres arnaques, grandes ou petites, que les gens sont capables d’inventer pour survivre. Comme des ambulanciers qui faisaient taxi durant leurs heures de travail ou ces gens qui parvenaient à vendre la Tour Eiffel ou les ponts de Paris à des investisseurs crédules. J’avais été frappée par leur inventivité et leur combativité car l’arnaque n’est pas un jeu, c’est avant tout une manière de ne pas se laisser mourir. Des gens que la société laisse un peu derrière mais qui refusent de se laisser faire. Plus que de la précarité, ma pièce parle avant tout de cette incroyable combativité.

Ces trois sœurs ont choisi des chemins différents mais pourtant elles se retrouvent au même point. Derrière leurs histoires, c’est l’évolution de la société que vous pointez…
Madeleine ne s’est pas mariée et a décidé de reprendre le cinéma de leur parents. Faute d’argent elle n’a pas pu le mettre aux normes des nouvelles règles de sécurité, elle ne peut plus l’exploiter mais est contrainte de vivre dedans. Louise tenait un café près des Halles. Avec l’arrivée des grandes enseignes, il a dû fermer. Elle et son mari ont alors vécu de petites arnaques, avant qu’à la mort de ce dernier elle se fasse elle-même arnaquer par un jeune homme. Enfin Jeanne, la dernière, a quitté son mari, partagé son argent entre ses trois enfants et choisi de retourner vers ses sœurs car elle réalise que ses choix de vie n’étaient pas les siens mais ceux que la société
attendait d’elle.

Est-ce que le registre de la comédie s’imposait pour traiter d’un tel sujet ?
J’ai choisi la comédie, à la fois pour attirer plus de public mais aussi pour rendre le propos plus supportable. Mais plus fondamentalement, je trouve que la vie est cocasse, ce qui ne veut pas dire non plus qu’elle est toujours drôle. On peut tout réussir dans sa vie, être un aventurier et mourir bêtement parce qu’une branche vous tombe sur la tête. Donc si la vie est bouffonne, elle n’en est pas moins désespérante ; en conséquent regardons-la avec légèreté, sinon on se pend. Face à cela, l’humour n’est-il pas la meilleure manière de prendre du recul ?

Jusqu’où iront vos personnages pour s’en sortir et y a-t-il une morale à cette histoire ?
Si elles commettent beaucoup de petits méfaits plutôt drôles, comme de voler les vases en granit des cimetières pour les revendre sur des brocantes, elles finiront néanmoins par franchir un des tabous ultimes de notre société. En filigrane, c’est une manière de dire « attention, si nous continuons à nier le problème de la précarité, nous courons à notre perte et nous nous retrouverons en situation de guerre civile entre ceux « qui ont tout » et ceux « qui ne peuvent
plus rien du tout ».
– Propos recueillis par Marina Laurent

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