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BÉRÉNICE ET CAROLE BOUQUET: UNE HISTOIRE DE PASSION

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Bérénice est une histoire d’amour sans issue. Titus, futur empereur de Rome, aime passionnément Bérénice, reine de Palestine, à qui il promet le mariage. Mais, au moment de succéder à son père à la tête de l’empire, Titus comprend que Rome n’acceptera jamais une reine étrangère. C’est la troisième fois de sa carrière que Carole Bouquet incarne Bérénice. Quatorze ans après sa première interprétation, c’est dans une nouvelle mise en scène signée Muriel Mayette-Holtz qu’on la découvrira du 8 au 10 novembre sur la scène de Wolubilis.

Lorsqu’il faut choisir entre l’amour et le pouvoir, à quoi renoncer ? C’est la question aussi existentielle qu’intemporelle que pose cette tragédie de Jean Racine écrite en 1670 et toujours autant d’actualité. Au sommet de sa grâce, Carole Bouquet est une Bérénice émouvante, subtile et à fleur de peau. Plus qu’une histoire d’amour contrariée, Bérénice relate avec méticulosité les passions, l’attirance, les interrogations, la peur et, plus que tout, le renoncement. Dans une interview à Télématin (France 2 – septembre 2022), la comédienne explique : « J’aime particulièrement Bérénice parce que je la trouve encore plus tragique que toutes les autres pièces car elle est faite de renoncement. C’est bien pire que quelqu’un qui se tue dans les textes classiques. Là, chacun renonce à une partie de sa vie avec en plus énormément de grâce sans faire peser sur l’autre le poids de son renoncement alors qu’ils sont tous les trois pratiquement en train de se sacrifier. »

« On ne peut pas trop jouer avec l’âge du rôle »

La carrière de Carole Bouquet, tant au cinéma qu’à la télévision, est dense et étoffée d’une multitude de rôles dans lesquels elle excelle. Riche de ses expériences, aujourd’hui elle est convaincue qu’il ne faut pas s’éloigner de l’âge réel des personnages. Bérénice a 50 ans, à-peu-près l’âge de la comédienne au moment de l’interpréter pour la première fois dans le téléfilm de Jean-Daniel Verhaeghe avec Gérard Depardieu et Jacques Weber en 2000 et, en 2008 sous la direction de Lambert Wilson. À 65 ans, bien qu’elle ait dépassé l’âge de l’héroïne, elle se confie à l’AFP : « On joue des choses, non pas qui vous ressemblent, mais dans lesquelles vous pouvez vous glisser, et le physique n’est pas du tout indifférent à ça. On triche bien sûr tout le temps quand on joue mais l’âge est quelque chose avec lequel on ne peut pas trop jouer, sauf si on en a besoin pour le rôle. Sinon c’est difficile. »

La musique de Racine
« Votre deuil est fini, rien n’arrête vos pas, vous êtes seul enfin et ne me cherchez pas. J’entends que vous m’offrez un nouveau diadème et ne puisse cependant vous entendre vous-même. Hélas plus de repos Seigneur et moins d’éclats. Votre amour ne peut-il paraître qu’au Sénat ? » (Bérénice, Acte 2, scène 4)
Carole Bouquet confie avoir une petite obsession et une véritable passion pour ce texte de Racine. Dans cette nouvelle mise en scène, Muriel Mayette-Holtz a coupé dans le texte de Paulin, l’un des conseillers de Titus, les passages s’adressant à l’époque à Louis XIV. Réduisant la pièce à 1h20, elle a resserré le prisme sur le triangle amoureux entre Titus, Bérénice et Antiochus et a laissé les alexandrins et les rimes composer la musique du texte. « C’est essentiel parce que si je vous raconte uniquement l’histoire, c’est un fait divers un peu banal. Il faut jouer absolument
avec l’écriture de Racine, il faut jouer avec les alexandrins. Ce qui n’est pas si difficile contrairement à ce que les gens pensent. C’est une langue, c’est une manière de parler très courante pour les Français, dans les chansons comme celles de Brassens, Barbara et même des rappeurs aujourd’hui. Et puis après, il y a des rimes longues, des rimes courtes, des rimes féminines, des rimes masculines. La langue de Racine est une langue simple qui emploie peu de mots qui sont tout le temps répétés comparée à la langue de Corneille. Si vous écoutez bien la pièce, vous remarquerez qu’ils se répondent avec les mêmes mots simplement négatifs, positifs, mais ils utilisent les mêmes mots les uns les autres » explique Carole Bouquet au micro de France Inter. Son talent, son élégance et sa présence charismatique ont élevé Carole Bouquet au rang d’icône. La comédienne réussit à insuffler une nouvelle vie à Bérénice, ce personnage emblématique complexe et émouvant offrant au public une performance inoubliable. À ne pas manquer !

– Marie-Gaëlle Van Snick

>> TICKETS pour les mercredi 8/11, jeudi 9/11 et vendredi 10/11 à 20h30

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